On ne perçoit pas bien ce qui nous arrive. Sauf que c'est intense. La sensation naïve, physique, d'être traversé par l'invention d'un monde extraordinaire, éloigné géographiquement et pourtant on ne peut plus proche. Sex pistols, Buzzcocks, The Stranglers, The Jam, The Clash, la scène anglaise, c'est comme si on y était. Jean-Pierre et ses copains échangent sans arrêt des disques et, sur leurs conseils, on s'est inscrit à la médiathèque municipale. On passe les week-ends à enregistrer des cassettes. Les morceaux nous parviennent systématiquement avec un temps de retard. J'ai beau lire Best et Rock&Folk de la première à la dernière ligne, écouter la radio en secret tard le soir dans la chambre, je ne trouve pas grand-chose sur mes préférences dans les chroniques de nos aînés chevelus. Même chez Bernard Lenoir. C'est ça aussi qui est excitant. Comme un rituel clandestin, une cérémonie secrète, vaguement ridicule pour les adultes autour de nous. Mais ...